vendredi 1 mai 2009

By Accident

Une expo très singulière centrée sur la transmission et ses variantes : traduction, commissariat, archivage, portail d'accès. Avec dans cet espace ultra réduit, Le Commissariat, un taux très élevé de compression : 2 vidéo-projections, des magazines et catalogues historiques et un commissaire-médiateur Damien Airault qui vous parle, commente, sous-titre, légende, explique, embrouille, projette aussi et devient une troisième voix (ou troisième projection) qui n'englobe plus les autres mais se fond en elles ou se pose à coté d'elles. Damien explique le projet (regroupant des démarches artistiques à la limite de l'immatériel et de la méta-expo, où je découvre Jacques Charlier) qu'il a conçu avec Douglas Park et Komplot (de Bruxelles). Il fait le doublage de la vidéo où l'on entend Douglas Park (plus qu'on ne le voit) et où on peut lire les sous-titres, faisant une leçon/performance ou radotant tout simplement en un long monologue captivant. Cet excentrique anglais tisse d'infinis liens historiques entre des actes, personnes, légendes, lieux d'un certain underground anglais des années 70-80 (si mes souvenirs sont bons).

Douglas Park


J'ai adoré cette voix si anglaise, parsemée d'hyper-liens et de mots étoilés, de noms qui ouvrent sur la scène pop anglaise, évoque Bryan Ferry, Throbbing Gristle et les mythologies londoniennes de Gilbert & George ou Mark Leckey (entre autres).


Jacques Charlier au SMAK en 2003




Un projet très stimulant dans sa richesse, sa souplesse et son aspect dé-esthétisé de l'archive et du document, dimension permise par l'échelle et la situation du lieu (l'honnêteté du contexte) et par la personnalité des gens qui l'ont fait. Une expo pas si éloignée de celle de Ryan Gander qui fonctionne aussi sur l'hyper-lien disséminé dans tout objet et sur une obligation faite au spectateur de tracer son chemin, de dessiner un fil : c'est à dire que la transmission/traduction passe par un travail d'encodage et d'expérience de l'énigme. Voici d'ailleurs ce que j'ai trouvé sur Wikipédia en cherchant "Pythie", en pensant au travail effectué ici par Damien :


"Travail de traduction, de clarification d'un oracle, de recherche et d'historien à aprtir d'un délire, d'une bouche anonyme et mytholgique, une pythie."





Le sanctuaire de Delphes, en effet, est « oraculaire » : la parole du dieu y est transmise aux hommes par l'intermédiaire de la Pythie, dont la tradition antique fait une jeune vierge inculte, installée sur un trépied placé dans une fosse oraculaire, l'adyton, juste au-dessus d'une fissure d'où les Anciens pensaient qu'émanaient des vapeurs toxiques ; la Pythie tient une branche de laurier (l'arbre du dieu Apollon) et une « phiale », récipient plat dépourvu d'anses, servant aux libations).




Aucun commentaire: