dimanche 8 janvier 2012

Any Ever - Trecartin & Fitch @ MAMVP


D’abord le plaisir de voir en vrai ce travail bien installé sur la scène US. Puis la gourmandise de l’abondance, puis la simplicité d’un rapport nu et net offert au public invité à photographier, même au flash tout ce qu’on veut. Ce n’est pas qu’un gimmick, c’est aussi un outil (l’appareil photo numérique ou la fonction correspondante dans nos téléphones) qui permet de voir, qui aide à voir et à trouver sa place, a cadrer son expérience. Car oui, il y a beaucoup à voir, dans tous les sens. Mais justement dans cet art du « tout est possible en art aujourd’hui » il apparait que la meilleure stratégie, une fois que les artistes se soient laissé envahir par le monde et les formes que l’industrie et nos usages produisent, la meilleure stratégie donc, c’est de COMPOSER.



Donc savoir hériter de tout l’art d’avant, au présent ! Donc délices de formes, couleurs, textures, échos et mutations d’une pièce à l’autre dans la série de sculptures sur le palier d’accueil. Tableaux reliefs, totems, mutants, fenêtres/vedutta, tradition familiale bien établie et désormais classique des Rauschenberg, Kienholz, Rachel Harrison/Jessica Stockholder et donc Miro/Schwitters/dada etc… Délice du choix des gammes chromatiques des objets, de leur nombre, de leur placement, de leur mise en relation, d’ajouts de peintures, de fixations, de cables et solutions techniques pour réunir les morceaux qui deviennent eux même éléments esthétiques.




Quant aux salles vidéos, elles prolongent le travail de Pipilotti Rist, Diana Thater ou Joan Jonas : prolonger l’espace de l’image dans l’espace du spectateur : travailler la contamination et l’incorporation. Moins fou et complexe que les sculptures, mais une façon concrète de travailler à comment installer des spectateurs pour regarder de la vidéo en musée, au lieu de chaque fois réinventer la salle de cinéma en moins bien. Logique de plateau tournant de salles en salles sur le modèle international de Ikea pour des films de personnages hystériques, partagés entre narcissisme (parler à soi même), confession par webcam, drame téléréalité, thérapie de groupe, troupe de théâtre en folie, art de la performance et du grimage des stars du rnb ou lady gaga à Leigh Bowery, Cindy Sherman ou Gilbert & George. Drame des relations, des identités, des limites entre soi et les autres, le corps et l’espace et les vêtements et leurs images, entre désir et violence, construction et interruption, appartenance et singularité. Notre portrait imaginaire actuel, du Brueghel contemporain… Important et mémorable. Et un très beau choix de la part de la programmation du musée !


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